" FEES ET MAGICIENS D'HIER ET DE DEMAIN "
Catégorie "Collectif" Texte primé

Sur l'île du Pêcheur Classe de 2nde (groupe 1) BEP VAM
du Lycée P. PAINLEVE à Courbevoie


Un jour, lors de l'un de nos voyages d'explorations, notre bateau, le Nautilus, s'approcha d'une île qui n'était mentionnée sur aucune carte marine. Nous débarquâmes à la hâte, contents et fiers, espérant y découvrir des espèces animales et végétales inconnues. Ce que nous trouvâmes sur cette île secrète dépassait pourtant tout ce que nous aurions pu imaginer.

Près de la plage, nous distinguâmes une sorte de cabane. Une fois à l'intérieur nous vîmes une drôle de chose, un texte était gravé dans un immense arbre qui était le pilier central.

Voici ce que l'on pouvait y lire :
"Depuis qu'une tempête avait emporté ma femme dans les profondeurs de l'océan, je n'étais plus pressé de partir en mer pour aller pêcher. Ce jour tragique m'avait transformé, j'étais devenu dépressif, suicidaire, anxieux. Je n'avais plus goût à la vie. Je ne portais aucune attention à mon affaire et les huissiers étaient sur le point de saisir mon bateau. J'embarquais ce jour-là à contrecœur.

Je voulais fuir l'enfer qu'était devenue ma vie. II n'y avait que sur mon bateau que j'étais tranquille, en contemplant la mer qui avait englouti ma femme. J'écoutais le son des vagues qui s'entrechoquaient sur la coque de bois. Je touchais ce bois, cela m'apaisait, je sentais sa présence près de moi. Le voyage fut long, j'étais toujours plongé dans mes pensées, la nuit tomba rapidement... Je ne m'en étais même pas aperçu.

Je vis au loin une épaisse fumée blanchâtre qui s'approchait doucement ; elle contourna le bateau. J'étais figé, je contemplais la chose avec stupeur et émerveillement. Elle s'éleva au ciel parmi les étoiles, avec élégance et grâce, puis disparut.

J'étais fatigué et m'étais endormi, agité, en faisant des rêves étranges, où ma défunte femme Daphné me suppliait de venir la rejoindre. Je fus vite réveillé car le bateau tournoyait violemment, les vagues se déchaînaient et vinrent battre les unes après les autres la coque de mon bateau qui n'allait pas tenir très longtemps. Tout à coup je me sentis expulsé de mon bateau que je vis partir en éclats après s'être fait avaler par la mer : tout ce que je possédais venait de partir dans les profondeurs. Je n'entendais que le bruits des vagues, je voulais crier au secours, mais je ne vis aucun autre navire à l'horizon, alors je m'agrippai à une planche, et je nageai pendant plusieurs heures jusqu'à épuisement, les vagues et l'esprit de ma femme Daphné m'aidèrent à rejoindre la rive plus vite.

Je finis par m'échouer sur une île, épuisé d'avoir tant nagé, à bout de forces. Je m'écroulais sur le sable, j'entendais encore le bruit des vagues qui résonnait dans ma tête, mes paupières se refermaient seules tellement j'étais fatigué.

Je dormis longtemps sur la plage, sous un fort soleil, et attrapai une insolation. Cette mésaventure m'avait fortement fatigué, j'allai dans la forêt à la recherche d'un peu d'ombre. La forêt vierge m'attirait. De plus j'avais faim et j'espérais trouver quelque chose à manger. Les arbres semblaient guider mes pas. Par chance je découvris des champignons et les engloutis immédiatement, malgré leur goût un peu étrange. Ma tête tournait, tout à coup je vis au loin une silhouette, j'étais interloqué, je ne m'y attendais pas. La silhouette semblait m'attendre, m'appelait même. Elle dégageait une odeur boisée de santal et d'épices qui m'enveloppait et m'attirait : je m'approchais, hypnotisé. La surprise me fit presque défaillir ! Elle ressemblait tant à Daphné ! Elle était immobile, comme morte et figée, mais accueillante, apaisante. Sa chevelure couleur châtaigne comme l'écorce d'un palmier luisait sous les rayons du soleil et ondoyait dans le vent. Elle était d'une grandeur majestueuse, une ligne et des courbes parfaites. Son charisme reflétait sa beauté. A ses pieds jaillissait une source d'eau douce. Je reçus une étrange sensation comme si l'être qui se trouvait en face de moi m'était familier. Elle ne bougeait pas, comme si un sort l'avait figée là, comme si les autres palmiers la retenaient.

Tout à coup une sensation de bonheur remplit mon cœur. J'essayais de lui parler, n'obtins aucune réponse. Par son regard et sa présence, elle me fit comprendre son histoire. Tout parlait pour elle : le ciel, les oiseaux, les arbres. Elle était la prêtresse de l'île, son cœur vivant, son âme, et tout dépendait d'elle, c'est pourquoi elle ne pouvait, ne voulait pas bouger, et laissait la nature s'occuper d'elle, buvait l'eau merveilleusement douce qui faisait un détour pour venir l'abreuver. Etais-je tombé amoureux ? Je ne le savais pas encore mais il ne m'a fallu que peu de temps pour m'en apercevoir. Plus le temps passait, plus mon cœur s'embrasait et moins j'avais envie de rejoindre la civilisation : j'avais trouvé sur cette île ma sérénité, ma joie de vivre, mon paradis. J'étais en totale osmose avec cette île, cette prêtresse apaisante et belle et tout ce qui nous entourait.

Les années passent vite. J'entame ma dixième année sur l'île, et les réserves se sont épuisées de jour en jour ; j'ai beaucoup de difficultés à trouver de quoi me nourrir et survivre, ma bien-aimée m'offre des baies, mais cela ne suffit pas. Plus les jours passent et moins j'ai de force. La mort arrive à grands pas... et me laisse très anxieux. Lorsque j'aurai fini d'écrire, j'irai pour la dernière fois rejoindre ma femme qui est ma seule raison de vivre.

Ce sont peut-être mes derniers mots mais je tenais à les écrire afin que tous sachent que j'ai vécu et mourrai heureux sur cette île ".

Ici se terminait le manuscrit que nous trouvâmes. Mais la chose la plus étrange c'est que nous découvrîmes aussi le corps de ce naufragé.

A l'orée de la forêt vierge, gisait un vieux squelette vêtu de haillons et dont les bras entouraient … une sorte d'arbre...