Concours de nouvelles 20201er Prix catégorie "Junior"" Sur son Trente-et-un" de Louise COUDERTCette histoire, vous ne la trouverez nulle part ailleurs ; comme les petites bêtes dont je vais vous raconter l’histoire ! Vous connaissez les expressions ? On se dit tous que ce sont de simples mots… Mais non ! Les expressions sont des êtres vivants mesurant 3 cm ! Elles ont un cerveau et elles peuvent se déplacer ! Bon, je vais me calmer. Commençons. Sur-son-trente-et-un était une expression comme les autres, elle n’avait pas encore de sens. Ce garçon se levait le matin pour aller au lycée. Il prenait le bus pour rentrer. Et il traînait toujours avec ses deux amis, Tiré-par-les-cheveux et Il-pleut-des-cordes. Il faisait ses études au lycée des Expressions, au sein de l’académie du Charabia pour la langue française. Aujourd’hui, le Principal Monsieur Lumineux, auparavant étudiant dans la classe préparatoire des adjectifs qualificatifs, a réuni tous les élèves du lycée des Expressions. Il se racla la gorge, ce qui était signe qu’un discours allait avoir lieu :
Un grand silence monta. Plus un seul bruit… Un silence de plomb. Sur-son-trente-et-un et ses amis ne pensaient qu’à une seule chose : être dans les neuf premiers. La journée se termina vers 17h15. Mais pour notre héros et ses amis, elle ne faisait que commencer. Ils se donnèrent rendez-vous chez Il-pleut-des-cordes. C’était une maisonnette blanc cassé avec des volets bordeaux ; il y avait un vaste et beau jardin bien entretenu. La chambre de Il-pleut-des-cordes était à l’étage. Les murs étaient bleu ciel et il y avait des affiches de Madame France partout. Sur-son-trente-et-un adorait cette maison. Sur le chemin, ils rencontrèrent En-temps-voulu et A-qui-de-droit, leurs pires ennemis.
Un brin d’hésitation se fit sentir dans la voix de nos amis mais ils répondirent quand même :
Maintenant, nos trois amis allaient devoir travailler très sérieusement. Et il restait un problème. La langue française ne prenait que quatre mots par an. Il y avait possibilité d’en prendre plus, mais il fallait qu’ils soient vraiment doués. Le temps passa vite : plus que trois jours avant que Madame Choix vienne dans leur lycée. Madame Choix avait fait le tour de tous les lycées : celui des Adjectifs, des Noms, des Verbes, des Déterminants… tous ! L’école des Expressions était la dernière. Sur-son-trente-et-un ressentait un mélange d’angoisse, de peur et d’excitation. Une fête serait organisée le lendemain du passage de la sélectionneuse pour annoncer les résultats. Ce matin, Madame Choix vint enfin pour interroger séparément les élèves sur leur envie de devenir un mot avec du sens, et regarder leurs bulletins. Elle avait l’air de bien aimer les dossiers de Sur-son-trente-et-un et ses amis. Le lendemain comme prévu, la fête fut organisée dans une grande pièce rectangulaire, avec une estrade au centre. A droite, il y avait un petit bar en bois où s’activaient deux barmen. C’étaient les frères O’comptoir. Sur-son-trente-et-un était le plus joliment habillé : il portait un pantalon noir et une chemise de soie blanche couronnée d’un nœud papillon noir. Il avait une rose rouge à sa boutonnière. Monsieur Sérieux monta sur le plateau de scène avec un micro. Il annonça :
Nos amis n’en croyaient pas leurs oreilles : ils étaient pris ! En plus, En-temps-voulu ne l’avait pas été ! La soirée se termina tard le soir ; ils s’étaient bien amusés. Le lendemain, les gagnants se dirigeaient vers un bâtiment vieux comme le monde. Il avait des pierres blanches avec une grosse porte en bois de chêne épaisse à l’entrée. Ils devaient aller voir le jury pour définir quelle était leur signification. Dans le hall, il y avait un passage en arc de cercle qui débouchait sur une grande pièce circulaire. Sur-son-trente-et-un s’y dirigea. Puis, à tour de rôle, les vainqueurs énoncèrent leur signification.
Sur-son-trente-et-un ne trouvait pas de signification. Il se souvint alors que Tiré-par-les-cheveux lui avait dit qu’il était le plus beau. Et pourquoi Sur-son-trente-et-un ne voudrait-il pas dire : être bien habillé ? Il trouva cette idée géniale et d’un air ravi déclara : « Être bien habillé, bien sûr ! » Depuis ce jour, être sur-son-trente-et-un veut dire sortir ses plus beaux habits.
FIN Attendez… Je me souviens... Il y a eu autre chose... Ah, oui. Une voix féminine retentit dans toute la maison. Elle crie :
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